« Je ne voulais pas faire autant de mal. J’ai détruit la vie des innocents. J’étais inexpérimenté. C’était ma première grosse affaire. Je me suis laissé emporter par le feu médiatique, dépasser par le feu médiatique.
Le 4 avril 2020, le juge Lambert empli d’une grande émotion, me livra ce premier message afin de soulager son coeur et sa conscience. Tout le temps que dura la canalisation, il était dans une grande affliction, mais il essayait autant que possible de mettre sa peine et son tourment de côté afin d’apporter son témoignage sur l’affaire Grégory; car il fut l'un des protagonistes de ce drame.
« Je ne voulais pas faire autant de mal. J’ai détruit la vie des innocents. J’étais inexpérimenté. C’était ma première grosse affaire. Je me suis laissé emporter par le feu médiatique, dépasser par le feu médiatique. Je leur ai fait tellement de mal à tous les deux [Bernard et Marie-Ange Laroche]. J’ai jugé hâtivement, trop hâtivement. J’ai rendu des conclusions hâtives.
Je suis bourrelé de remords. Là, où je suis, je souffre journellement, quotidiennement du mal que je leur ai causé. Lui, Bernard Laroche m’a pardonné depuis longtemps.
"Elle", la mère du petit Grégory, elle savait y faire ! Dans certaines de ses dépositions, je sentais que quelque chose clochait, que quelque chose n’allait pas !
J’étais comme hypnotisé par elle. C’est comme si quand elle était en face de moi, je ne pensais pas par moi-même. Je ne pensais plus par moi-même. Parfois, elle créait un certain malaise en moi ! J’ai manqué de discernement. J’ai manqué de tact. Je voulais que cette affaire soit rondement menée !
"Elle" a menti ! Faux alibi. Vous allez retrouver des preuves de sa forfaiture, de son imposture.
Marie-Ange Laroche, combien elle a pleuré par ma faute. Quand elle a vu son mari être emmené par deux gendarmes et incarcéré, elle a cru que son coeur allait lâcher. Elle a passé de nombreuses nuits sans sommeil, à sangloter à se demander : "Pourquoi c’est arrivé ?" J’aurais dû être plus à l’écoute de mes intuitions, de mon ressenti.
"Elle", la mère infanticide vous a TOUS bernés, vous a TOUS leurrés. Elle a tué son petit Grégory ! "Ils" étaient tous les deux à la Vologne ce jour-là : son amant occasionnel et elle...
"Elle" lui a fait porter le chapeau [à Bernard Laroche]. Elle le haïssait tant et plus ! Femme machiavélique.
VOUS NE SAVEZ PAS A QUI VOUS AVEZ A FAIRE AVEC ELLE.
ELLE EST DANGEREUSE, SOURNOISE, MACHIAVELIQUE...
Je reviendrai. Je souffre trop... C’est l’épisode le plus tragique de toute mon existence.
Ma femme, mes enfants : dites-lui combien je l’aime, combien je les aime. Je ne pouvais plus supporter d’entendre répétées les souffrances du couple Laroche. J’avais les nerfs à vif. Je souffrais d’un vif sentiment de culpabilité. J’ai préféré m’ôter la vie pour ne plus penser. Mais c’est pire. Ici, je suis confronté à mille tourments à cause des larmes que Marie-Ange Laroche a versé à cause de moi, de mon jugement précipité.
JE VAIS RÉPARER.
PRIEZ POUR MOI. JE VOUS REMERCIE.
Là, où je suis règne une souffrance immense. Nous sommes nombreux à être dans des sphères où nous purgeons nos actes répréhensibles. [Dans la tradition catholique, ce lieu est appelé le purgatoire.] Nos âmes ne connaissent pas le repos...
Nous sommes rongés par le remord d’avoir mal agi, d’avoir pris des vies, d’avoir fait des faux témoignages qui ont causé la mort de certains, qui en ont poussé d’autres à se suicider...
Priez pour moi. Je vous suis reconnaissant pour tout le Bien que vous faites, pour le grand baume que vous allez lui mettre dans son coeur [Marie-Ange Laroche]. Ils [ses enfants et elle] vont pouvoir vivre heureux, sourire à la vie.
"Elle", l’autre méchante femme machiavélique : emprisonnement à vie avec deux chefs d’inculpation : assassinat avec préméditation.
Priez pour nous. »
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Le 19 juillet 2017, le journal Le Monde publiait la lettre posthume du juge Lambert adressée par lui au journal L’Est républicain. En voici deux extraits :
« Je préfère sonner la fin de partie pour moi. [...] J’ai décidé de me donner la mort car je sais que je n’aurai plus la force désormais de me battre dans la dernière épreuve qui m’attendrait, écrit-il. Ce énième rebondissement est infâme. Il repose sur une construction intellectuelle fondée en partie sur un logiciel. La machine à broyer s’est mise en marche pour détruire ou abîmer la vie de plusieurs innocents, pour répondre au désir de revanche de quelques esprits blessés dans leur orgueil.
« JE PROCLAME UNE DERNIÈRE FOIS QUE BERNARD LAROCHE EST INNOCENT.
La construction intellectuelle que je viens d’évoquer est en réalité un château de cartes qui aurait dû s’effondrer dès le premier regard objectif sur le dossier. (…) Pour ne pas perdre la face, on cherchera alors un bouc émissaire. Autant dire qu’il est tout trouvé… Je refuse de jouer ce rôle. »
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