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  • Photo du rédacteurSéraphina Husset

J'ai vécu en Autriche dans une vie passée

En cet été 1985, j’éprouvais une grande souffrance tandis que je disais : « Mein geliebte klein Vater, sage meine Mutter. » Sans comprendre cette phrase, je la répétai plusieurs fois, avec les mêmes accents poignants que ceux que j’avais lors de cette incarnation passée.


En juillet 1985, je me trouvais dans le Jura avec Alain, celui qui allait devenir mon mari. Tandis que nous traversions le village de Baume-les-Messieurs dans lequel je n’étais jamais venue auparavant, je vis le porche d’une maison et je dis soudain : « Ce village me rappelle l’Autriche »… où je n’étais jamais allée ! Puis, sans que je puisse me contrôler d’aucune façon, bien que restant parfaitement consciente, je me mis à parler autrichien…

Je ne comprenais pas ce que je disais, car je ne connais pas cette langue, pas plus que l’allemand ! Je commençai à dire quelques mots, quelques courtes phrases qui sortaient du fond de ma mémoire :

« sprechen » : « parler ». « vater » : « père ». « mutter » : « mère ». « schön » : « beau ». « harz weg bitte » : « le chemin du harz, s’il vous plaît ». Ma prononciation devenait gutturale, ce qui était nouveau pour moi. Alain, ayant appris l’allemand, essayait de traduire au fur et à mesure. Il me dit que la prononciation de certains mots différait de l’allemand : « jevohl », pour « jawohl ». « veiter » pour vater, … Tout comme moi, il était très étonné…

Je continuais : « Ich liebe dich, mein Veiter » : « Je t’aime, mon père. » « Du bist mein Veiter » : Tu es mon père. « Mein Veiter, es war gutt » : « Mon père, c’était bon ». « Mein Veiter, es war schön ; es war struder » : « Mon père, c’était beau ; c’était …» « Meine Mutter war durch Frankreich…» : « Ma mère était en France ». « Mein geliebte klein Vater, sage meine Mutter. » :

« Mon petit père chéri, parle-moi de ma mère. ».… « Ich würmien meine Mutter sehen, bitteschön, mein Vater. » : «Je voudrais voir ma mère, s’il te plaît, mon père. »

En ce mois de juillet 1985, j’éprouvais une grande souffrance tandis que je disais : « Mein geliebte klein Vater, sage meine Mutter. » Sans comprendre cette phrase, je la répétai plusieurs fois, avec les mêmes accents poignants que ceux que j’avais lors de cette incarnation passée.

Au bout de quelques minutes, nous eûmes des détails passionnants. Je vis une maisonnette dans une clairière. Dans la cuisine sombre, un chaudron pendait dans l’âtre. En ce temps-là, mon prénom était Copélia, Cecilia ou un prénom très voisin. J’étais née vers 1850. Alain était alors mon père. Il s’appelait Friedrich. Il était de taille moyenne, trapu et portait des rouflaquettes. Il était vêtu d’un pantalon marron foncé en velours côtelé. Il était garde forestier. Il portait toujours son fusil en bandoulière, sans jamais s’en servir. Il était pacifique, paisible. Il était un solitaire bourru, taciturne.

Un jour, il alla au bal : il y rencontra une Française. J’allais naître de leur union. Quand j’eus cinq ou six ans, ma mère quitta mon père pour retourner en France. Elle nous abandonna tous les deux.


À sept ans et demi, je tombai très malade. Sous l’emprise d’une forte fièvre, je délirai. C’est alors que je dis : « Geliebte klein Vater, sage meine Mutter“. J’avais gardé cette souffrance dans un coin de ma mémoire et je la découvrais de façon inopinée…

Voici quelques scènes qu’il m’a été permis de revivre. Nous vivions dans le sud de la Bavière. Nous habitions près d’un petit village situé au creux d’un vallon, pas très loin de Friedrichshafen, au sud-est de cette ville. Nous y allions en carriole à cheval.

Je vis un homme, debout dans une rue, en train de lire un manuscrit qu’il brandissait devant lui. Cet homme était un vaguemestre. Il était chargé d’aller de village en village pour informer les habitants des derniers décrets.

En ce temps-là, mon père ne savait ni lire ni écrire, mais il avait acquis de grandes connaissances en observant la nature. Je me vis aussi, assise sur une grosse pierre tandis qu’il me taillait une petite flûte en bois clair, à trois ou quatre trous. Il m’apprenait à reconnaître les plantes, les animaux, les étoiles, j’avais alors douze ou treize ans. Nous étions heureux ensemble… À la nuit tombante, il m’emmenait dans la forêt. Il me tenait par la main : nous marchions doucement, silencieusement. Lorsque nous avions la joie de voir une biche ou un cerf, mon père me retenait en mettant son avant-bras devant moi pour me signifier de ne plus bouger et, surtout, pour que je reste silencieuse. J’eus une enfance merveilleuse, magique. Notre lien était très tendre, nous vivions dans la sérénité.

Je grandis, puis je partis travailler à Friedrichshafen. J’étais demoiselle de compagnie. Mon père sombra dans la mélancolie, puis dans la dépression. Un hiver, il prit froid et ne se soigna pas : il n’avait plus goût à la vie. Je le vis se coucher en chien de fusil sur son lit et se laisser mourir peu à peu.

Dans cette vie-là, je mourus vers 1884 : j’avais environ trente-quatre ans. Je vis ma tombe dans un petit cimetière : elle était très modeste, délabrée et à l’abandon. Dessus, il y avait une grande croix en fer forgé, joliment travaillée ; elle était inclinée, rouillée par endroits. Nous étions protestants...

Cette vie commune en Bavière a laissé des empreintes profondes dans nos âmes :

l’amour des joies simples ; l’amour et le respect de la nature, la joie de vivre à la campagne au rythme des saisons, l’amour des fleurs, le plaisir des cueillettes de champignons, de fruits, etc., le bonheur tout simple d’apercevoir de temps en temps des biches, des chevreuils dans la forêt qu’Alexandre Dumas aimait tant parcourir…

À la lumière de cette incarnation, j’ai compris pourquoi le film Sissi impératrice m’avait tellement touchée, marquée, émerveillée lorsque, adolescente, je l’avais vu pour la première fois. Dans un contexte social très différent, par Sissi Interposée, je revivais mon enfance…

Oui, dans mon âme, je gardais une grande nostalgie de ces paysages magnifiques, mais surtout je gardais un grand idéal de l’amour paternel. Car, en ce temps-là, mon père m’avait adorée et je l’avais adoré

(extrait de mon premier livre Les Clés du Paradis, paru en autoédition en 2005.


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